On sait que les réserves de pétrole ont un caractère fini et qu’il ne faudra pas compter sur cette manne énergétique ad vitam æternam. L’actualité récente nous a douloureusement rappelé que la solution nucléaire n’en n’était pas une… maîtrisable et fiable (sans même parler du fait que son combustible n’a rien d’inépuisable).
Et que voudrait-on nous proposer en remplacement ? Des énergies renouvelables et non fossiles ? Non, ça c’est bon pour les écolos et autres utopistes, doux rêveurs qui croient en un monde différent. Les grandes compagnies officiant dans l’énergie ont eu une meilleure idée : le gaz de schiste !
Le gaz de schiste, késako ?
Les amas rocheux de schiste renferment naturellement du méthane dans leurs fissurations. Le problème est que contrairement au gaz naturel, ce gaz est présent en faible concentration dans un énorme volume de roche, nécessitant des techniques particulières d’extraction. La plus courante actuellement est la fracturation hydraulique (forages horizontaux dans lesquels on injecte de l’eau et des additifs à haute pression).
Les conséquences environnementales sont énormes (pollution des nappes phréatiques) et nombreux sont ceux qui dénoncent cette exploitation. Vous pouvez vous aussi montrer votre opposition à ces projets en France – notamment en Ardèche – en signant cette pétition.
Vous trouverez plusieurs articles sur le sujet dans le magazine Terra Eco de mars 2011.
Mais que faire alors ?
Les énergies fossiles finiront par se tarir, il faudra bien sortir du nucléaire un jour ou l’autre, aussi notre futur énergétique doit nécessairement passer par le changement de nos habitudes.
Souvenons-nous que la meilleure énergie est celle que nous ne consommons pas !
Et vous, que faites-vous pour faire des économies d’énergie ?
Quelques solutions de bon sens :
- isolez votre habitat, c’est un des postes les plus énergivore
- utilisez les transports en commun, le co-voiturage, ou faites comme moi et enfourchez votre vélo pour vous rendre au bureau !
- optez pour des éclairages basse consommation (retrouvez sur notre site une large gamme d’ampoules fluocompactes ou à LED)
- en matière d’achat, consommez mieux et moins : privilégier la qualité, faire réparer ses appareils, leur donner une seconde vie, etc. Pensez aux recharges quand il s’agit de consommables de bureau !
C’est quoi leur slogan déjà ?
«L’énergie est notre avenir (sans énergie fossile et sans nucléaire), économisons-la !» ;-)
Je m’excuse, le commentaire va être long Le problème avec le débat sur l’énergie au Québec est qu’il tient compte du fait que la production énergétique est un enjeu mondialisé. Dans ce contexte, débattre des sources de production à l’échelle de notre petite province a un intérêt limité. Ainsi, le développement du gaz naturel peut paraître comme un recul au Québec, pour nous qui produisons surtout de l’énergie hydraulique, mais à l’échelle de la planète, ça demeure une bonne nouvelle, dans la mesure où le gaz naturel peut permettre de remplacer des sources d’énergie plus polluantes, comme le mazout ou le charbon.On a peut-être tendance à l’oublier, mais le charbon est la source de 29 % de toute l’énergie mondiale produite. Le pétrole, c’est 34 %. La priorité de l’humanité devrait donc être de s’attaquer aux sources d’énergie les plus polluantes et les remplacer par tout ce qui produit moins de gaz à effet de serre. Or, la combustion du gaz naturel produit 40 % moins de CO2 que la combustion de charbon, à quantité d’énergie produite égale. Bien sû, l’éolien, le solaire, le géothermique et l’hydraulique sont des sources de production d’énergie idéales à cet égard, mais peuvent-elles vraiment remplacer le pétrole et le charbon à court et moyen terme ? L’hydraulique ne représente que 6 % de la production énergétique mondial et il est peu probable que cette part puisse augmenter : les meilleurs sites hydrauliques sont déjà exploités partout sur la planète et il n’est pas non plus souhaitable d’avoir un barrage sur chaque rivière.La production mondiale d’énergie éolienne et le solaire ne représentent ensemble que 0,84 % de l’énergie produite par le pétrole et le charbon. Si on multipliait par 10 la production de ces énergies au cours des 10 prochaines années, ce qui serait très bien, on arriverait à peine à remplacer 8 % du pétrole et du charbon consommé sur terre. Greenpeace vient de sortir un rapport qui affirme que le bilan environnemental de la biomasse forestière n’est pas si vert que ça. L’organisme rappelle aussi que les forêts sont déjà surexploitées et qu’il est illusoire d’y voir une source d’énergie abondante pour l’avenir.Une des solutions incontournables est de diminuer notre consommation totale d’énergie. Les fameux négawatts sont effectivement la source d’énergie la plus propre et la plus rentable à exploiter. Mais peut-on vraiment diminuer la consommation mondiale d’énergie de 80 % ? C’est le sacrifice qu’il faudrait faire pour éviter de toucher à toute forme d’énergie fossile dans l’avenir.Dans ce contexte, je suis d’avis que les solutions pour réduire rapidement les gaz à effets de serre sont multiples. Il faut réduire notre consommation, développer sans relâche les énergies renouvelables et exploiter plus intelligemment les énergies fossiles. Si une plus grande utilisation du gaz naturel peut contribuer à diminuer le bilan carbone de l’humanité, je ne suis pas contre qu’on développe davantage cette filière. Il reste à savoir maintenant si l’exploitation des gaz de shale par injection d’eau et fractionnement de la roche est sécuritaire du point de vue environnemental, ce qui n’a pas encore été démontré. Des études récentes montrent même que le gaz de shale serait plus polluant que le charbon parce que son processus d’extraction laisse fuir une quantité importante de méthane directement dans l’air, sans qu’il puisse être récupéré. Mais ça c’est une autre histoire. Mon point est qu’il ne faut pas, je crois, être dogmatique avec le gaz naturel et rejeter en bloc son usage. Bien exploité et bien utilisé, il peut faire partie de la solution.L’important est de ne pas perdre de vue ce qui doit être l’objectif ultime : réduire le plus vite possible l’émission des gaz à effet de serre à l’échelle mondial. On y arrivera si on est pragmatique…